Harar

GPS: 9°18'41,86"N   /   42°8'3,68"E

Harar est située à 523 km à l’est d’Addis-Abeba et à 360 km de Djibouti. Juchée stratégiquement à 1855 m d’altitude sur une colline de granit dans l’escarpement oriental de la vallée du Rift, elle domine la grande plaine désertique du Danakil au nord et les plaines des Somali au sud.

Point de rencontre entre différentes cultures et important carrefour commercial, Harar s’entoura, au 16ème siècle, d’un rempart de pierre de 4 mètres de haut pour se protéger des raids incessants des peuplades voisines. Sa forme est souvent comparée à celle d’une poire. Les maisons bordées de murs élevés, derrière lesquels on devine de petites cours ombragées de vigne, sont bâties en pierre ou en tuf rempli de végétaux fossilisés.

Bien que le rempart ait été conçu avant tout comme un ouvrage défensif, il est difficile de dissocier sa fonction politique de sa fonction religieuse, économique et sociale. Fermées à clef du crépuscule à l’aurore, les cinq portes de la ville percées à des endroits stratégiques ont contrôlé le flux des commerçants au cours de l’histoire.

Les limites que le mur d’enceinte a imposées à l’extension de la cité ont conduit au développement d’une nouvelle ville extra muros, aujourd’hui bien plus peuplée que l’ancienne.
La cité ancienne est congestionnée, ce qui rend difficile le développement d’infrastructures modernes comme les canalisations d’eau et l’accès aux véhicules. Traditionnellement, alors que les portes de la ville étaient fermées, l’écoulement des eaux se faisait par des trous percés à travers les murs. Ces trous étaient assez étroits pour interdire le passage à tout intrus, à l’exception des hyènes, d’où le nom de waraba nudule ou “trous d’hyène” qui leur a été donné.

Plutôt que de constituer une présence menaçante, les hyènes étaient bienvenues. De nombreux témoignages rapportent comment les hyènes constituaient à Harar un système d’assainissement efficace. Les détritus abandonnés au-dehors pendant la nuit étaient “ramassés” avant l’aube.

Les quelques 40 000 habitants que compte la population autochtone se donnent eux-mêmes le nom de ge usu’, ou “gens de la ville”. Dans leur langue, Harar s’appelle simplement ge, “la ville”.

La ville s’organise selon un découpage territorial et symbolique en cinq secteurs qui correspondent chacun à une porte, d’où le mot harari bari, qui signifie à la fois porte et secteur. Chaque secteur se subdivise à son tour en quartiers ou toicha. 59 toicha ont été dénombrés, la plupart portant le nom d’un sanctuaire proche. Les noms des portes et leur origine étymologique ont suscité de nombreuses interprétations, mais peu font l’objet d’un consensus. La confusion est entretenue par le fait que les tribus voisines amhara, oromo et argobba, donnent chacune aux portes un nom de leur propre langage, dont la signification renvoie à leur propre histoire. De nos jours, les portes ne se referment plus à la tombée du jour.